Les origines :
Le site de Gargilesse, piton de schiste longé par une rivière, a connu dès l’époque Gallo-Romaine une utilisation militaire : un certain Gargilius y aurait fondé un Castrum. De cet édifice il ne reste rien et la mémoire des événements qui s’y déroulèrent s’est perdue dans la longue nuit barbare… L’Histoire connue débute au VIIIème siècle : les Cuens ou Comtes de Gargilesse y ont édifié un puissant château fort et ont guerroyé sans relâche pour défendre leur fief. A la fin du Xème siècle, sous le règne de Robert le Pieux, Hugues de Gargilesse est un personnage considérable.
Au moyen âge :
Au XIIème siècle, Hugues de Naillac, devient seigneur de Gargilesse par son mariage. Il s’illustre en conduisant une croisade de gens du Berry jusqu’en Terre Sainte et rapporte au château une statue de Vierge Bysantine, cadeau d’un moine de Constantinople et dont la bienfaisante protection se serait avérée durant les combats. Hugues de Naillac construit pour elle la chapelle romane attenante au château, aujourd’hui église paroissiale du village. La porte communicante a été murée mais la chapelle a conservé de très beaux chapiteaux et sa crypte recèle de curieuses fresques.
La guerre de cent ans :
Comme tant d’autres, le famille de Naillac fut déchirée par cette longue époque troublée : certains de ses membres, favorables aux anglais virent leurs biens confisqués par le Roi. D’autres, fidèles au Roi furent tués au combat et, faute de successeurs directs, Gargilesse échut par testament à Jean de Prie en 1389, puis à la famille de Châteauneuf.
La renaissance :
Antoinette, une Dame de Châteauneuf apporte Gargilesse en dot à son mari, Jean de Rochefort en 1518. Participant aux guerres d’Italie il est fait prisonnier lors du désastre de Pavie aux côtés de François 1er dont il deviendra par la suite le chambellan et le conseiller.
Le grand-siècle :
Au début du XVIIè siècle, Charlotte de Rochefort vend le château à René du Bost du Breuil, gentilhomme de petite noblesse mais fort riche, désireux de porter le titre de Comte qui s’y rattachait. Ses armes figurent sur le linteau de pierre de la porte d’entrée, ainsi qu’au dessus de la porte du premier salon. Il va provoquer la ruine de Gargilesse. Partisan de la Fronde, il vient se réfugier au château avec 91 hommes d’armes, 29 serviteurs et 150 chevaux. Le château fut assiégé pendant 15 jours par un détachement des armées de Turenne puis pris d’assaut, incendié et démantelé. Gargilesse n’est plus que ruines et s’endort pour 100 ans…
Le siècle des lumières :
En 1750, l’épouse de Louis Charles du Bost du Breuil Olympe de Chevigny, reconstruit sur les ruines un “château neuf” : c’est le manoir de style XVIIIè siècle qui se visite aujourd’hui. De l’ancienne demeure féodale il ne subsiste que la poterne et quelques crontreforts. La tour carrée, également conservée lors de la reconstruction, date du XVIIè siècle et était à l’origine, le tombeau des Seigneurs de Gargilesse. Le château va traverser sans dommage la bourrasque révolutionnaire : Louis Charles du Bost du Breuil fut emprisonné sous la Terreur mais échappa à la guillotine et retrouva ses biens mis sous scellés.
L’époque romantique :
George Sand nous présente un des derniers représentants de la lignée, Antoine Charles du Breuil du Bost :
“C’est un solide gaillard de 80 ans qui s’en va encore tout seul, à pied, par une chaleur torride, à travers les sentiers escarpés de ses vastes domaines. Riche de cinquante mille livres de rentes, dit-on, il n’a jamais restauré que je sache ; mais il n’a jamais rien détruit ; sachons-lui-en gré”.
Les temps modernes :
C’est le Comte BERNARD de la BARRE Louis Léon de DANNE, (ancien député, journaliste et homme de lettre décédé en 1986) qui sera le dernier propriétaire titré du Château, il était l’arrière petit fils d’Antoine Charles du Breuil du Bost.
De 1960 à 1986, le bâtiment est dans l’oubli, proie du lierre et des vandales. Un couple de particuliers le sauve de la ruine totale en restaurant l’ensemble du gros oeuvre.
En 1998, une artiste peintre passionnée de vieilles pierres rachète le château. Elle poursuit désormais sa restauration et lui redonne vie en y installant une Galerie d’Art. Ce lieu prestigieux, résolument tourné vers l’art contemporain, a été inauguré le 8 mai 1999.